Conférence donnée par Yanny Hureaux à l’auditorium du Musée de l’Ardenne de Charleville- Mézières le 19 mars 2016.
« Rimbaud l’Ardennais »
La conférence de ce jour s’inspire du livre « Un Ardennais nommé
Rimbaud » (La nuée bleue/ L’Ardennais 2003) et publié la première fois
en 1991 sous le titre « les Ardennes de Rimbaud » aux éditions
Didier-Hatier.
Yanny Hureaux se souvient d’avoir répondu à une commande de l’éditeur
qui souhaitait un livre qui sorte de l’ordinaire. Il fallait se
démarquer des publications prévisibles pour le centenaire de la mort du
poète. Yanny Hureaux qui a été longtemps professeur agrégé d’histoire
et géographie, est chroniqueur dans le journal « L’Ardennais ». Il est
également l’auteur de plusieurs romans, guides et essais sur les
Ardennes.
Il se défend toutefois d’être un authentique rimbaldien et c’est
pourquoi il a hésité avant d’accepter.
Yanny Hureaux est surtout Ardennais. Il s’est demandé ce qu’il y avait
d’ardennais chez Arthur Rimbaud, lui qui n’avait eu de cesse de quitter
son pays natal et dont l‘œuvre a connu une renommée internationale. La
biographie de Pierre Petitfils lui apprend qu’après sa naissance,
Arthur a été mis en nourrice chez des cloutiers dans le village de
Gespunsart, où Yanny Hureaux habite, et où vivait déjà sa famille au
XIXe siècle. Ce point commun le touche et l’aide à se décider.
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Place du village de Gespunsart |
En
relisant les « Souvenirs familiers à propos de Rimbaud, Verlaine et
Germain Nouveau » par Ernest Delahaye, il découvre à la fois que Rimbaud
a été un adolescent ardennais ordinaire et que son ami Ernest, avec qui
Arthur se promenait souvent dans la campagne ardennaise, a été vraiment
le premier à découvrir le génie précoce d’Arthur.
Déformation professionnelle oblige, il s’agit donc de replacer la comète Rimbaud dans son contexte géographique et historique .
Arthur est né sous le Second Empire et il est encore adolescent quand
l’Empire s’effondre après la capitulation de Napoléon III à Sedan, à
vingt kilomètres de Charleville. C’est dans les archives locales, comme
le « Courrier des Ardennes » qu’on peut trouver les traces palpables de
la famille Rimbaud. Le 18 août 1854, par décret ministériel, le
capitaine Frédéric Rimbaud est décoré de la Légion d’Honneur. Mais cette
information citée de cette manière ne convient pas à son épouse
Vitalie, née Cuif, qui la fait rectifier en « décret impérial »
considérant que l’adjectif ministériel a une connotation trop
républicaine. Il y a en France à cette époque un véritable culte pour
Napoléon III, bien plus populaire encore que le très guerrier Napoléon
Ier.
La même source révèle aussi des informations précieuses notamment dans
les faits divers comme dans les annonces légales. En 1863, la ferme des
Cuif à Roche a été en partie détruite par un incendie. Le logis a été
épargné. Quelques temps plus tard, la ferme est mise en vente.
Yanny Hureaux insiste sur l’importance de Roche. C’est selon lui à Roche
qu’on est le plus proche de Rimbaud. En même temps, aujourd’hui, à part
un mur en ruine et un lavoir reconstitué, il ne reste plus rien de la
ferme où fut écrit en 1873 « Une saison en enfer ». Mais pour Yanny
Hureaux, à Roche, « il n’y a rien et il y a tout. C’est le néant
anéanti ».Yanny Hureaux cite l’exemple d’un universitaire japonais ému
aux larmes en touchant le mur vestige de la ferme. Julien Gracq aurait
eu le même choc en s’y rendant.
Pour comprendre l’importance de Roche, rappelons que Jean-Nicolas Cuif
le père de Vitalie et grand-père d’Arthur est en quelque sorte un
hobereau. Sa ferme est la plus importante du secteur. Il possède des
terres. Mais il a aussi le malheur d’être veuf trop tôt. Il va devoir
élever seul ses trois enfants, Vitalie et deux grands frères,
Charles-Auguste et Charles-Félix, ayant fait le choix de ne pas se
remarier. L’éducation des garçons n‘est pas des plus glorieuses: l’un
est obligé de s’exiler en Algérie suite à une « affaire de mœurs » ( il
sera souvent évoqué sous le sobriquet de « l’Africain ») l’autre frère,
ouvrier agricole, est porté sur l’alcool. Même s’il atteindra l’âge
vénérable de 93 ans au vu de cette addiction, il réclamera « du
pinard » au prêtre venu recueillir ses dernières volontés.
Soit dit entre parenthèses, l’histoire de cet oncle « Africain » crée
un troublant précédent si on songe au destin d’Arthur, et on s’interroge
à juste titre sur les lois mystérieuses de l’atavisme.
Toute l’attention du père va donc se porter sur sa fille dont il faut
sauver l’éducation. On ne peut pas dire que monsieur Cuif soit radin,
plutôt économe. Il espère trouver un bon parti en mariant sa fille.
A cette époque, les villes de Mézières et Charleville sont voisines
mais s’opposent dans leurs aspects. La première est une ville de
garnison, au rôle défensif avec une forteresse, d’épais remparts bordés
des douves et une cité qui n’a presque pas changé depuis le moyen-âge.
Mézières est une ville austère et grise même lorsqu’il fait beau et
contraste avec Charleville dont la place Ducale, sœur jumelle de la
place des Vosges à Paris, est un fleuron, le caprice d’un duc italien de
Mantoue Charles de Gonzague.
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Place Ducale de Charleville |
Les immeubles de la rue principale menant à la place ont de belles façades avec des alcôves où nichent des statues classiques.
Bien centré dans le prolongement, on aperçoit le moulin à eau, avec sa
colonnade baguée de style ionique et son fronton triangulaire. Ses deux
arches enjambent le petit bras de la Meuse encadrant une île au cadre
bucolique. Charleville est une ville prospère et gaie.
En 1853, le square de la gare est encore champêtre. La gare est en bois,
le train est un moyen de transport encore très récent. L’orchestre du
régiment de Mézières vient chaque jeudi soir y jouer une aubade en plein
air. Le capitaine du 47° régiment d’infanterie Frédéric Rimbaud et
Vitalie Cuif se sont rencontrés en cette occasion Les choses ne
trainent pas avec un militaire. « A un train d’artillerie » dirait-on,
les voilà rapidement mariés et la même année, leur premier fils
Jean-Nicolas Frédéric vient au monde.
Puis vient le tour de Jean-Nicolas Arthur en octobre 1854, et deux
filles, Vitalie et Isabelle, naitront en 1858 et 1860. Une première
Vitalie née en 1857 est morte âgée de quatre mois. Vitalie Rimbaud, née
Cuif, connaît en tout cinq grossesses en moins de sept ans puis un
abandon de famille.
Yanny Hureaux tient à revisiter le mythe de cette mère odieuse qu’a été
Vitalie Cuif pour Arthur. Il nous rappelle que cette famille avec quatre
enfants a connu des conditions de vie particulièrement difficiles .
Jean-Nicolas Cuif, le père de Vitalie meurt en 1858. Le frère
« Africain » de retour d’Afrique s’est installé à la ferme de Roche et
Vitalie n’a pas de bonnes relations avec lui. En 1860, le capitaine
Frédéric Rimbaud déserte définitivement son foyer familial, et à cette
époque, la pension alimentaire n’existait pas. De l’immeuble cossu de la
rue Napoléon, la mère doit déménager dans la rue Bourbon, plus
populaire, où selon elle, on y côtoie les bas-fonds. Aux problèmes
affectifs s’ajoutent les problèmes financiers. Le poème « les poètes de
sept ans » a été écrit dans ces lieux et évoque cette misère ambiante
qu’on retrouve aussi dans les « Effarés » et dans « Les étrennes des
orphelins ».
Pourtant, Mme Rimbaud qui au statut d’épouse abandonnée préfère se
présenter comme veuve n’aspire qu’à tirer ses enfants vers le haut. Bien
que paysanne, elle a reçu une éducation stricte dans une institution
religieuse. On ressent cette rigueur morale et cette exigence de dignité
avec toutefois beaucoup de subtilité et de pudeur dans ses
correspondances.
Selon Yanny Hureaux, la fuite du père d’Arthur a eu bien plus
d’influence sur la névrose de son fils que l’éducation tyrannique de la
mère. Il n’y a rien de plus présent qu’un père absent. Pourtant, si ce
père pouvait manquer autant à son épouse qu’à ses quatre enfants, c’est
Arthur qui va le mieux se démarquer, en dépit de l’enfermement maternel,
tout en « suant d’obéissance ». Car autant, Frédéric, le grand frère
est assimilé à « l’idiot de la famille » comme dirait Sartre, autant
Arthur est un surdoué. Il rafle tous les prix de son collège, fait la
fierté de ses professeurs comme de sa mère. Le jeune Arthur a un don.
Il est génial, mais il est malheureux.
La famille a enfin quitté la rue Bourbon pour s’installer sur le quai
face au vieux moulin, l’actuel Musée Rimbaud. Aujourd’hui, l’immeuble
dont la famille n’occupait qu’un étage abrite la « Maison des
Ailleurs. »
Mais pour l’heure, Arthur n’a pour s’évader que la Meuse qui coule
devant ses fenêtres. C’est son échappatoire, un peu comme la mer, qu’il
n’a encore jamais vue et qu’il découvrira en juillet 1872 en partant en
Angleterre. Il aime sauter dans la barque des tanneurs et se laisser
dériver, préfigurant « Le bateau ivre ». Pourtant avec les tanneries et
l’abattoir en amont, la Meuse est sur cette portion un cours d’eau
boueux, nauséabond et ensanglanté. Elle est bien loin de son aspect
actuel et encore plus loin de la poésie!
Son autre évasion, c’est justement la poésie. Mais si les premiers
poèmes sont déjà remarquables, ils n’auraient pas été suffisants pour
qu’ Arthur devienne Rimbaud.
Il ne fallait plus qu’une étincelle mette le feu aux poudres et cette
étincelle, ce sera la guerre de 1870 et l’invasion prussienne. Le
premier déclencheur arrive quand la mobilisation générale est décrétée.
Le régiment de Mézières est en première ligne. Les civils s’enrôlent
dans la garde nationale. Frédéric s’y engage comme cantinier à l’insu de
sa mère. Arthur est refusé, trop jeune. Alors il fugue. Et la mère,
sans nouvelles de ses deux garçons, panique.
« Arthur implose tout en explosant » nous dit Yanny Hureaux.
Son périple qui lui fait d’abord gagner la Belgique s’achève à la gare
du Nord à Paris où il est arrêté sur le quai et conduit à la prison de
Mazas. Il écrit à son professeur de rhétorique, Georges Izambard qui le
fait sortir de prison. Arthur séjourne avec son libérateur à Douai pour
retarder le moment où il devra affronter la colère de sa mère. Il
participe à des réunions politiques et rédige un compte-rendu publié
dans Le libéral du Nord. C’est à Douai qu’il a rencontré l’auteur Paul
Demeny à qui il a confié vingt-deux de ses poèmes, et à qui il enverra
en mai 1871 l’une de ses deux lettres dite « du Voyant ».
Le processus est enclenché. Rimbaud fugue à nouveau avec le projet
de devenir journaliste. Il passe par Fumay où résident deux camarades de
classe, Léon Henry et Léon Billuart dont les parents tiennent un café
où Rimbaud a pu trouver le gite pour la nuit du 7 au 8 octobre 1870.
Dans une lettre, aujourd’hui perdue, Rimbaud raconte: « J’ai soupé en
humant l’odeur des soupiraux d’où s’exhalaient les fumets des viandes et
des volailles rôties des bonnes cuisines bourgeoises de Charleroi, puis
en allant grignoter au clair de lune une tablette de chocolat
fumacien ».
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Fumay |
La première biographie de Rimbaud par Jean Bourguignon et Charles Houin
précise qu’après avoir dîné, couché et déjeuné chez son ami qui le munit
d’un peu d’argent et d’une lettre de recommandation pour un sergent de
mobiles en garnison à Givet, Arthur Rimbaud reprit la descente de la
vallée de la Meuse.
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Le fort de Charlemont à Givet, près de la frontière belge |
Il a cherché ensuite à se faire embaucher au Journal de Charleroi »
Charleroi en Belgique. En vain, puisque le 11 octobre après un bref
passage par Bruxelles, il est de retour à Douai où il loge à nouveau
chez les sœurs Gindre. Il rentre ensuite à Charleville, subir la colère
maternelle. Vitalie Cuif comprend qu’elle a un enfant génial tout en
craignant ses ambitions peu orthodoxes.
En effet, ayant renoncé à poursuivre ses études, Arthur fugue à nouveau
fin février 1871 à Paris où il s’incruste littéralement chez le
journaliste et caricaturiste André Gil qui le met dehors. Arthur
fréquente les librairies, Lemerre l’éditeur du passage Choiseul, et les
Éditions des Arts où Paul Demeny a fait publier ses pièces de théâtre.
Un ami, Charles Bretagne, membre d’un groupe anarchiste de Charleville, conseille à Rimbaud d’envoyer ses poèmes à Verlaine.
En septembre 1871, Arthur arrive à Paris, accueilli dans la famille de
l’épouse de Paul Verlaine, Mathilde Mauté qui dans son journal écrit :
« il arrive un fauve! ». Quand Paul Verlaine rencontre le fauve, on
peut véritablement parler de coup de foudre. Verlaine a croisé le regard
du génie. Mais c’est un génie capricieux, intenable, et tyrannique.
Il convient de ne pas charger Paul Verlaine qui n’est pas le plus
pervers des deux. Verlaine, on le verra dans ses lettres et sa conduite,
est capable de remords mais Rimbaud, non.
Le jeune poète est un être profondément désespéré, amer, moqueur,
sarcastique, en décalage permanent avec la société. Il insulte tout le
monde, les curés, sa mère, il se conduit mal. Les poètes parisiens le
déçoivent autant qu’Arthur est capable de déconcerter jusqu’à ceux qui
le défendaient. En fait, à peine arrivé à Paris, le petit provincial
ardennais s’ennuie. Sa vie passée et celle à venir sont marquées par le
sceau du désespoir et de l’ennui.
Quand il connaît une période de dépression à Londres, il peut compter
sur sa mère et ses sœurs, notamment Vitalie ( qui le note dans son
journal) se déplaçant spécialement pour lui remonter le moral.
Dans une lettre que Vitalie Cuif écrit à Paul Verlaine (qui avait
précédemment menacé de se suicider ) elle le sermonne comme une mère en
lui reprochant sa lâcheté, lui rappelant qu’à chaque fois que des
enfants désobéiront à leurs parents, ils se rendront malheureux. Elle
ajoute dans une superbe litote, digne de Pierre Corneille : « Vous voyez
que je ne vous flatte pas. Je ne flatte jamais ceux que j’aime. » ce
qui en dit long sur la pudeur de ses sentiments.
Julien Gracq dit qu’un filin relie sans cesse Arthur Rimbaud à
Charleville. Mais Yanny Hureaux souhaite redonner plus d’importance à la
ferme de Roche, qui selon lui est le véritable port d’attache du poète.
Roche est le lieu de l’explosion définitive du poète, qui, trop lucide
pour sombrer dans la folie, s’est trouvé toutefois au bord de la folie.
C’est en effet à Roche qu’Arthur Rimbaud écrit en 1873: « Une saison en
enfer » que sa mère aidera à faire publier.
La mère et ses sœurs forment pour Arthur un véritable clan, une tribu
même, comme le souligne Gracq. Ce qui caractérise le côté tribal c’est
autant la famille que l’attachement à la terre, l’enracinement et la
culture de l’atavisme.
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Vitalie, soeur d'Arthur |
Quand Vitalie, sa petite sœur décède à l’âge de 15 ans en 1875, ce n’est
pas par provocation mais par désespoir qu’Arthur se rase le crane pour
assister à ses obsèques, tel qu’un dessin d’Ernest Delahaye en
témoigne.
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Dessin d'Ernest Delahaye |
Roche est à la fois le repoussoir et le refuge du retour, là s’y fusionnent la haine et l’attrait.
En juin 1876, Arthur Rimbaud s’engage à Rotterdam dans l’armée
hollandaise. Ce périple l’entraîne jusqu’à Java où il déserte. Après un
retour sur un navire britannique qui fait escale à Sainte-Hélène, il de
retour chez les siens à Roche juste à temps Noël.
Courant 1878, il va à Hambourg puis revient à Roche. En novembre 1878,
après être passé par la Suisse, il embarque à Gênes pour l’Égypte puis
travaille à Chypre. Mais il souffre de fièvre typhoïde et retourne se
soigner dans ses Ardennes où il connaît en 1879 un des hivers les plus
humides et froids de sa vie.
En 1880, Rimbaud quitte Roche, il n’y reviendra que onze ans plus tard,
malade, presque mourant. Mais durant toutes ces années d’exil, il ne
rompt pas le cordon. Les lettres qu’il adresse aux siens l’attestent.
Il gère les affaires familiales à distance. Il envoie de l’argent et
conseille sur la manière de l’utiliser, d’acheter des terrains, de faire
tel placement pour tel rendement. Il commente tout et veut intervenir
dans les choix de vie de sa famille, encourageant d’un côté sa sœur à
se marier et moquant son idiot de grand frère: « Ça me gênerait assez,
par exemple, que l’on sache que j’ai un pareil oiseau pour frère. […]
c’est un parfait idiot et nous admirions toujours la dureté de sa
caboche. ». Frédéric était sur le point d’épouser, sans le consentement
de sa mère, une jeune femme de 19 ans déjà mère d’une fille. Arthur
confie son souhait de fonder une famille à son tour. Il termine ses
correspondances par des vœux de réussite à ses proches et glisse ça et
là des considérations désabusées trahissant ses déceptions personnelles.
« Santé et vie sont plus précieuses que les autres saletés ».
Plus tard, Arthur apprendra par sa mère que Frédéric et Paul Verlaine se
fréquentent. Ce dernier s’est installé dans la région et cherche sans
doute à renouer le contact avec les Rimbaud en soudoyant son « maillon
faible » à l’aide de boissons. Arthur blâme son frère et souhaite
désormais qu’il soit définitivement tenu à l’écart des biens qu’il
prodigue à sa mère et sa sœur.
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Isabelle Rimbaud, peint par son mari, Paterne Berrichon |
En avril 1891, Rimbaud tombe malade et doit quitter Harar. Il se fait
amputer du genou sur le trajet du retour à Marseille et regagne les
Ardennes en juin.
On vient le chercher en charrette à la gare de Voncq. Mais la maladie
(cancer ou gangrène?) se propage. Il ne supporte plus la souffrance de
son moignon qui ne cicatrise pas. Isabelle le soigne comme elle peut,
lui faisant boire des tisanes de pavot. Elle est autant une sœur
attentionnée qu’une garde-malade dévouée .Mais c’est plus fort que lui,
il veut repartir.
Arthur rate une fois le train de Voncq à cause de la jument Comtesse qui
traine du sabot. Il prend le train du lendemain, et trois jours plus
tard, il est à l’hôpital de Marseille où il espère être mieux soigné
puis, dès que son état le permettra, être à proximité du port pour
repartir en Abyssinie. Hélas, son état empire, et Arthur Rimbaud rend
l’âme au lendemain d’une troublante lettre où il demandait des détails
sur son embarquement imminent.
Arthur Rimbaud est enterré au cimetière de Charleville auprès de sa
sœur, Vitalie et son grand-père Jean-Nicolas Cuif. Pourquoi Frédéric
était-il absent aux obsèques, écarté ou non informé? Plus tard, sa mère
l’y rejoindra. Isabelle, son mari Paterne Berrichon, Frédéric y sont
peut-être aussi mais n’ont pas leurs noms inscrits sur la pierre
tombale.
Yanny Hureaux considère que c’est à Roche qu’Arthur et sa famille
devraient être enterrés, car Vitalie Cuif native de Roche se considérait
presque comme une immigrée à Charleville.
Il pense aussi que le hameau de Roche devrait être davantage mis en
valeur et mieux intégré dans le parcours que les rimbaldiens suivent
quand ils viennent en pèlerinage sur les traces d’Arthur Rimbaud.
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Le mur, seul vestige du logis de la ferme de Roche |
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Yanny Hureaux |
FIN